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La pression sociale du corps « parfait »

Ce week-end j’ai regardé, suite à la recommandation de la blogueuse I am big and beautiful (que j’adore), le documentaire Embrace sur Netflix qui parle d’estime de soi et de la pression d’avoir un corps qui suit la norme sociale. Ce documentaire m’a profondément touchée et j’ai eu envie de vous en parler et de vous partager ma réflexion sur le sujet.

Pour celles et ceux qui n’ont jamais entendu parler du documentaire Embrace, il a été réalisé par Taryn Brumfitt et est sorti en 2016 en Australie et traite du sujet de l’estime de soi et du rapport que la femme peut avoir avec son propre corps. L’idée lui est venue après l’accouchement de ses enfants, quand elle a vu son corps changer et qu’elle a tout fait pour lui donner l’image qu’elle pensait être synonyme de bonheur.

Embrace La pression sociale du corps "parfait"

Elle a envisagé la chirurgie, a perdu beaucoup de poids en commençant un programme pour devenir  bodybuildeuse et a atteint ce qu’elle pensait être son objectif du début: la minceur. Mais en étant sur scène, en ayant le corps parfait pour aller à la plage, elle s’est rendue qu’elle n’était pas du tout heureuse et que pour atteindre cette objectif elle avait dû faire beaucoup de sacrifices qui ne valaient finalement pas la peine. Elle a alors posté une photo avant (bodybuildeuse)-après (avec des formes) qui a fait le tour des réseaux sociaux et des médias avec beaucoup de retours et Taryn Brumfitt s’est alors rendue compte que c’était une problématique qui dépassait sa propre histoire. Elle a alors lancé une campagne sur Kickstarter pour pouvoir financer son projet « le body image movement » et  partir à la rencontre de femmes différentes et retranscrire leur histoire à travers ce documentaire.

Embrace La pression sociale du corps "parfait"

Ce que j’ai aimé dans ce documentaire c’est son approche, sans filtre et en tout honnêteté pour comprendre pourquoi les femmes ont autant de mal à accepter et à aimer leur corps et j’ai eu envie de vous partager mon avis sur le sujet.


L’éducation et la perception du corps


Je pense qu’un des premiers piliers qui fait notre vision des choses et notre approche du monde c’est l’environnement dans lequel on évolue étant enfant. C’est étrange, mais je crois qu’une des choses les plus universelles c’est cette volonté de définir les filles par leur physique depuis leur naissance. Quand on est petite et qu’on croise des adultes, souvent les réflexions sur les filles qu’on entend c’est à quel point elles sont jolies. Comme si c’était la chose qui comptait le plus pour une jeune fille: ETRE JOLIE.  Si depuis votre enfance, on vous répète de faire attention à votre alimentation, de perdre du poids pour répondre à ce critère de beauté, ou bien que vous êtes jolie parce que vous êtes mince, il sera très dur de ne pas en faire une obsession car quand on est enfant le regard et l’approbation de son entourage sont très importants. Pour ma part, je n’ai pas grandi dans ce genre d’environnement, mes parents ne m’ont jamais dit de perdre du poids, de faire attention du coup cela n’est jamais devenu une obsession pour moi. Je n’ai pas de balance chez moi, je ne me pèse jamais car cela m’importe peu. Du coup je laisse mon corps avoir la corpulence pour laquelle il est programmé.  La seule chose où je tente de faire attention c’est sur la notion de bonne santé, si je mange trop gras, je ne vais pas penser à la taille de mes cuisses mais au niveau de cholestérol que je peux avoir et ses conséquences sur ma santé. Mais à l’inverse, si les propos que vous entendez sur votre corps c’est le poids que vous faîtes, il est fort probable que cela devienne votre approche également et le biais relationnel que vous allez avoir avec votre propre corps.


L’industrie vestimentaire 


Comme dans le documentaire, je partage l’avis de la responsabilité de l’industrie de la mode dans le regard que la femme peut avoir sur elle même et son corps. Lorsque l’on voit dans les défilés de mode des filles très maigres (et non minces) qualifiées de beauté on en vient forcément à se comparer et à se dire que si elles sont belles, et, puisque nous ne leurs ressemblons pas, nous sommes forcément moches et que notre corps ne répond pas aux standards de la beauté. Parce que le caractère multiple de la beauté, sa diversité est rarement mise en valeur. On prône ce modèle de beauté unique, ce standard à atteindre absolument pour remplir les conditions pour être une femme. Dans les magasins, on retrouve ce même souci, lorsque dans les devantures on affiche des mannequins sans formes, ou que des vêtements ne sont pas disponibles pour certaines tailles, on continue à faire passer ce message que si vous n’êtes pas comme ça vous n’êtes pas normale et vous n’êtes pas jolie.


Les médias et réseaux sociaux


 On va aborder selon moi un des plus gros responsables quand on parle du rapport de la femme et de son corps: les médias et réseaux sociaux. La période dans laquelle on est à savoir quelques semaines avant l’été, est encore plus édifiante quand on parle du corps de la femme. Sur presque toutes les couvertures de magazines, vous pourrez voir « comment perdre du poids? » « Comment être jolie en bikini? » « Comment se raffermir pour ne pas être moche sur la plage? » Et ce qui me dérange le plus, au delà de la responsabilité des médias c’est celles des femmes qui achètent ces magazines et qui font passer le message que oui elles sont d’accord avec cela et que c’est ce qu’elles veulent lire. Du coup, les médias ont l’illusion de finalement répondre à la demande, donc le meilleur moyen pour leur faire comprendre c’est par le porte monnaie en n’achetant pas les magazines lorsqu’il y a ce type d’articles.

Embrace La pression sociale du corps "parfait"

Il est humain lorsque l’on voit une photo avant après avec 40 kilos de moins et des abdos en béton, d’avoir envie de savoir comment elle a fait pour pouvoir atteindre le même résultat. Le souci c’est que selon moi on ne se pose pas les bonnes questions à savoir : « Est-elle plus heureuse maintenant?. On ne se pose jamais finalement cette question du bonheur comme si c’était implicite que la minceur ne pouvait que être synonyme de bonheur.

Depuis quelques années maintenant, un autre phénomène est apparu: les réseaux sociaux. Ils jouent un rôle essentiel et encore plus direct dans cet estime de soi, que ce soit au niveau des commentaires avec des propos haineux et un véritablement harcèlement que certaines peuvent vivre de par le « body shaming ». Mais aussi, avec ce flot d’images parfaites, retouchées au maximum et cette idée que tout doit être lisse pour être beau et surtout aimé par les autres. La grosse différence avec les médias classiques, c’est que les réseaux sociaux comme instagram donnent encore plus l’illusion que c’est la norme car les gens qui partagent sont supposés être des personnes comme vous et moi donc l’impact est encore plus fort. On finit par ressentir une pression très forte par rapport à son corps car finalement en dehors de nous plaire il doit plaire en plus aux autres, ce qui fait beaucoup je trouve. D’ailleurs,  phénomène parallèle à cette pression du corps « parfait socialement » la croissance du nombre de livres sur la notion du healthy. Manger healthy est une bonne chose,  manger sainement pour être en meilleure santé, il n’y a rien à redire à ça. Ce qui est dérangeant c’est l’image qui est associée à cela, notamment sur certains livres, une image de fille mince sur les couvertures et qui est mise en avant (au delà de leur propre renommée pour inciter à l’achat), comme si ronde ne pouvait pas être synonyme de healthy et de bonne santé. Ce qui est encore une fois un message totalement erroné, car vous pouvez être mince et avoir des carences, du cholestérol et inversement.

Embrace La pression sociale du corps "parfait"

Et bien évidemment il y a un effet pervers à tout ça, le recours à la chirurgie esthétique pour remplir cette exigence du corps parfait. On le voit pour les youtubeuses beauté, qui ont de plus en plus recours à la chirurgie pour répondre aux attentes des marques, des personnes qui les suivent et qui doivent continuer à les admirer pour leur plastique car leur image est au centre de leur contenu. Bien évidemment, chacun fait ce qu’il veut, mais on ne doit pas nier sa responsabilité et le rôle que l’on joue dans tout cela. Pour moi, il est paradoxale de prôner l’estime de soi et de faire appel au bistouri pour chaque irrégularité. On se retrouve avec de plus en plus de sosies de Kylie Jenner ce qui donne encore plus l’illusion d’une beauté unique, d’une norme esthétique. Ces personnes, qui au départ, étaient comme nous à savoir imparfaites, se sont retrouvées prise dans une spirale dont elles ne sont sans doute pas conscientes. Les jeunes femmes qui les regardent ont cette illusion de croire que pour être belles il faut leur ressembler car les chiffres sont là, elles sont regardées, admirées donc comment finalement avoir une autre conclusion que celle là. Par contre, là ou l’effet pervers est encore plus fort, c’est lorsque ces opérations ne sont pas assumées ce qui fait que des jeunes filles pensent qu’elles sont comme cela naturellement. Pour moi c’est limite frauduleux d’autant plus lorsque l’on gagne sa vie en faisant la promotion de produits beauté or bien évidemment que cette chirurgie a un rôle dans le résultat obtenu. C’est comme ne pas préciser que l’on porte des faux cils pour vanter les mérites d’un mascara, cela manque de transparence.

Je ne les blâme pas pour les choix qu’elles font car quand on fait des vidéos, et qu’on voit son visage à l’écran il est difficile de ne pas mettre l’accent sur ce qui ne va pas, sur ses petits défauts, cela a été mon cas. A un moment, je n’ai plus eu envie de faire des vidéos car je ne supportais plus de voir mon visage et tout ce qui n’allait pas et cela m’a demandée beaucoup d’énergie pour réussir à passer cela mais je n’ai jamais envisager de faire de la chirurgie car je pense que cela ne change pas notre rapport à nous mêmes, notre regard sera juste attiré par d’autres défauts que l’on voudra à nouveau modifier.

L’estime de soi c’est sans doute l’histoire la plus intime que l’on a avec soi même, elle n’est pas écrite d’avance, elle n’a pas une définition universelle, elle est vouée à changer, à évoluer au fil du temps, des épreuves que l’on traverse. On la perd, on la retrouve mais on arrête jamais de la chercher.

Dans mon monde idéal, je suis une utopiste, on verrait des gens différents partout, que ce soit au travail, à la télévision, sur les réseaux sociaux et plutôt que de dire d’une fille qu’elle est jolie on s’intéresserait et on la qualifierait par qui elle est, par ce qu’elle fait, mais bon on est encore loin de ça pour le moment mais ce documentaire joue un rôle considérable dans cette démarche et je vous conseille vivement de le regarder.

Et vous, quelle estime avez-vous de vous même? Quel est le rapport que vous avez avec votre corps?

10 Comments

  • Ton article est vraiment très intéressant, et je suis d’accord avec toi sur cette pression de la perfection. J’ai d’ailleurs fait une pause des RS pour cette raison 🙂

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    • Merci beaucoup pour ton retour, je comprends parfaitement ce besoin que tu as eu 😉 Bisous

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  • Coucou, je connaissais pas ce reportage, je l’ajoute à ma liste!

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    • Tu peux il est génial 😉

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  • Bonjour, très bon article. Je trouve que l’on vit tellement dans une société hypocrite. D’un côté, on tente par quelques minimes moyens de lutter contre la maigreur, de diffuser les corps avec des formes mais de l’autre et surtout à l’approche de l’été, on nous assomme à coup de régimes.
    Aujourd’hui, je pense que le pire est certainement les RS. Tant de mises en scènes, je trouve ça dommage d’avoir perdu leur sens premier. Je ne veux pas critiquer mais selon moi, il y a de moins en moins de différences entre les magazines féminins et les blogs.

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    • Coucou, merci pour ton commentaire, oui c’est le côté un peu schizophrène de notre société 😉 C’est clair que les articles sont devenus hyper lisses tout comme les magazines avec cette volonté de plaire aux marques, de susciter l’achat, cela fausse un peu la relation malheureusement. Et pour les réseaux sociaux, je crois que c’est le pire car cette pression ne nous quitte pas et s’invite même dans notre intimité, et surtout on laisse croire aux personnes que c’est la vraie vie, des vraies personnes alors qu’il y a tout un travail derrière de mise en scène, de retouches 🙁

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  • J’aime beaucoup, beaucoup cette phrase « L’estime de soi c’est sans doute l’histoire la plus intime que l’on a avec soi même, elle n’est pas écrite d’avance, elle n’a pas une définition universelle, elle est vouée à changer, à évoluer au fil du temps, des épreuves que l’on traverse. On la perd, on la retrouve mais on arrête jamais de la chercher. »

    #laquêteultime 😉

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    • Merci beaucoup, cela me fait très plaisir 😉 Cette phrase résume parfaitement ma vision de l’estime de soi et de la confiance en soi <3

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  • Hello ! Super article, jaime beaucoup ton point de vue. Moi j’ai une balance et je me pèse toutes les semaines, c’est suffisant. Dire qu’à l’époque du roi soleil la mode étaient aux rondeurs, signe de richesse… Ce temps est bien loin maintenant 🙁 Je vais aller regarder le film sur Netflix, il à l’air super intéressant, surtout que j’aime beaucoup de genre de documentaires 🙂

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    • Coucou, merci beaucoup 🙂 C’est clair qu’on est passé à l’autre extrême, j’ai l’impression que les rondeurs ne sont acceptées que lorsqu’elles sont issues d’opération de chirurgie esthétique 🙁 Tu verras il est vraiment bien, et plein de sujets sont abordés 🙂

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